FO Conseil Général du Morbihan

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LA FORCE DE L'INDEPENDANCE

jeudi 24 janvier 2013

Acte III de la décentralisation : les grandes orientations


Vendredi 5 octobre, à l’occasion des États généraux de la démocratie territoriale, le président de la République a précisé les grands axes de la prochaine étape de décentralisation du pays. Présenté début 2013 au Parlement, la réforme maintient l’échelon départemental, renforce le pouvoir des régions et élargit le droit à l’expérimentation. 
Sans qu’une réelle concertation nationale ait eu lieu, la nouvelle organisation des collectivités territoriales est déjà en marche. Élaboré cet été sous la responsabilité de la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu, l’acte III de la décentralisation est censé assurer une « meilleure » répartition des compétences entre les collectivités et contribuer à la réduction de leurs dépenses pour arriver à l’équilibre. Durant les États généraux de la démocratie territoriale qui se sont tenus à la Sorbonne les 4 et 5 octobre derniers, les élus territoriaux étaient néanmoins invités à soumettre leurs propositions dans le cadre de cette réforme. « Tout est déjà écrit et décidé et le projet de loi [est] prêt depuis le mois de juillet » dénonçait néanmoins, dans les colonnes de Libération, le maire de Marseille et sénateur des Bouches-du-Rhône Jean-Claude Gaudin.
Après deux jours d’échanges, François Hollande a clos les débats en présentant les grands axes du  nouvel acte de décentralisation. Si des dispositions modifient la réforme du précédent gouvernement (loi du 16 décembre 2010), plusieurs éléments en assurent en grande partie la continuité, allant ainsi à l’encontre des principes républicains défendus par FO Territoriaux.
L’échelon départemental maintenu
Le maintien du département semblait menacé depuis la création du conseiller territorial sous le gouvernement Fillon. Instituant un élu unique pour la région et ses départements, cette mesure ne sera finalement pas appliquée.
Depuis plusieurs années, des critiques virulentes remettaient en cause les départements, considérés comme une source de dépenses importantes et de complications dans l’application des politiques territoriales. Pour autant, le président de la République a confirmé le maintien de cet échelon en rappelant son rôle essentiel dans le champ de l’action sociale et en balayant l’argument économique : « A part quelques dizaines d’élus, où est l’économie ? » a-t-il ainsi interrogé. Une déclaration qui fait écho à celle de Jean-Pierre Bel, président PS du Sénat, rappelant que  « les collectivités, c’est 10% de l’endettement public du pays. Elles font déjà des efforts depuis trois ans avec le gel des dotations ». Par ailleurs, la suppression de cet échelon ne serait, selon le gouvernement, pas garante de plus d’efficacité et risquerait surtout d’éloigner les citoyens des décisions publiques.
« À mes yeux, le problème n’est pas tant le nombre d’échelons. Le problème c’est la répartition des compétences et c’est la gouvernance de nos territoires » a déclaré François Hollande.
De nouveaux transferts de compétences 
Afin d’« éviter la confusion entre responsabilités de l’Etat et des collectivités », le projet de loi renforcera la logique des « blocs de compétences », déléguant aux collectivités de nouvelles attributions de l’Etat. Ce nouvel acte consacre les régions comme la structure pivot du développement économique des territoires. Il leur attribue d’une part le  pilotage de l’ensemble des politiques territoriales liées à l’emploi et à la formation et d’autre part le soutien aux PME et TPE. Le département verra, quant à lui, son rôle dans le champ de l’action sociale renforcé à travers la prise en charge de l’ensemble des politiques du handicap et de la dépendance, hors du champ de l’assurance-maladie. Le bloc communal se verra attribué la transition énergétique.
En ce qui concerne les financements, les régions seront appuyées par deux types d’outils : la Banque publique d’investissement qui pourra « mutualiser ses besoins avec ceux des régions », adoptant de fait une organisation décentralisée, ainsi que les fonds structurels européens qui seront directement gérés par les régions et non plus par l’Etat. Pour les départements, François Hollande est resté plus flou, évoquant la nécessité de définir un financement « suffisant et pérenne aux Conseils généraux ». Un « paquet financier » sera mis en place à cet effet dans le courant de 2013. 
Le droit à l'expérimentation élargi
En parallèle, et sur la lancée de la loi de réforme territoriale de 2010, le gouvernement  va renforcer le droit à l’expérimentation, en supprimant les « verrous » actuellement posés pour son utilisation.
Ce droit permet, par exemple, d’envisager la fusion des deux conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin et du Conseil régional d’Alsace au sein d’un seul et même « Conseil d’Alsace ». Une telle réorganisation entraînerait une réduction drastique des effectifs publics de ces trois collectivités, de l’ordre de 40% selon une estimation des services de l’Etat en janvier dernier.  Il pourrait en être de même pour les départements de la Drôme et de l’Ardèche qui disposent déjà chaque année d’une « assemblée bi-départementale ».
Ce droit à l’expérimentation va de pair avec une autre évolution majeure : le  transfert du pouvoir normatif et réglementaire aux collectivités territoriales afin que celles-ci adaptent les dispositifs existants selon leurs spécificités.
L'avènement d'une "République territoriale"
Pour faciliter ces mouvements, la loi permettrait de passer outre l’organisation d’un référendum local, aujourd’hui nécessaire pour créer un conseil unique. Ce mouvement préfigure ainsi la mise en place d’une décentralisation à la carte. « Les collectivités qui le souhaiteront expérimenteront […] leurs propres transferts. Un département pourra, par exemple, confier aux intercommunalités la mission de promouvoir le tourisme » a précisé Marylise Lebranchu.
Si François Hollande a souhaité réaffirmer la place de chaque échelon à l’échelle territoriale, l’élargissement du droit à l’expérimentation laisse cependant  la porte ouverte à un changement profond de l’organisation des collectivités, au sein duquel les départements pourraient être appelés à fusionner. C’est l’avènement d’une « République territoriale », réclamée par plusieurs élus mais fortement récusée par FO Territoriaux.

mercredi 16 janvier 2013

COMMUNIQUE

ENTRETIENS D’EVALUATION PROFESSIONNELLE :
FIN DE LA PERIODE D’EXPERIMENTATION



Les entretiens d’évaluation professionnelle dans la fonction publique territoriale ont été introduits, à titre dérogatoire et expérimental pour les années 2010, 2011 et 2012. Cette possibilité a été introduite par l’article 76-1 de la loi 84-83. Les conditions de mise en oeuvre de l’évaluation professionnelle sont précisées par le décret 2010-716 du 29 juin 2010.
L’article 1 de ce décret précise que l’expérimentation de l’évaluation peut-être menée par les collectivités, par décision expresse de l’organe délibérant. Une délibération était donc obligatoire pour que ce dispositif puisse être mis en oeuvre en lieu et place de la notation qui reste la règle pour la fonction publique territoriale.

Rappel des règles établies par le décret 2010-716 :
L’entretien d’évaluation est annuel.

Il est mené par le supérieur hiérarchique direct.
Il porte sur un nombre de points définis (article 3) :
o Les résultats au vu des objectifs définis : cela suppose que ces objectifs
existent.
o La fixation des objectifs de l’année à venir.
o La manière de servir.
o Les acquis de l’expérience professionnelle.
o Si cela se justifie : les capacités d’encadrement.
o Les besoins en formation.
o Les perspectives en termes de carrière et de mobilité.

Le décret indique que ce sont les points principaux sur lesquels l’entretien doit porter, cela signifie donc que cet entretien peut porter sur d’autres thèmes mais que ceux fixés par le décret DOIVENT être traités.

L’entretien doit également permettre de fixer la valeur professionnelle de l’agent à partir d’un certain nombre de critères fixés APRES AVIS DU CTP :
Efficacité dans l’emploi et réalisation des objectifs ;
Compétences professionnelles et techniques ;
Qualités relationnelles ;
Capacité d’encadrement ou à exercer des fonctions d’un niveau supérieur.


Le compte rendu comporte une appréciation littérale sur la valeur professionnelle de l’agent. Il doit être établi et signé par le supérieur hiérarchique direct.

Le décret fixe également les conditions précises dans lesquelles devait se dérouler l’entretien :
Convocation au moins 8 jours à l’avance ;
Transmission concomitante de la fiche de poste et d’un exemplaire de la fiche d’entretien ;
Le compte rendu doit porter sur les thèmes prévus à l’article 3 et sur les autres thèmes abordés lors de l’entretien ;
Il doit être visé par l’autorité territoriale qui peut y apporter des observations ;
Il est notifié au fonctionnaire dans un délai de 10 jours qui peut y apporter ses commentaires, doit le signer et le retourner dans un délai de 10 jours.

Le compte rendu de l’entretien doit figurer au dossier de l’agent. Les collectivités affiliées au centre de gestion doivent lui en transmettre un exemplaire.

Tableau d’avancement :
Le décret stipule que sont utilisés pour l’établissement du tableau d’avancement :
- Le compte rendu de l’entretien professionnel
- Les propositions motivées du chef de service.

Un bilan annuel de l’expérimentation de l’entretien d’évaluation doit être communiqué au CTP et transmis au CSFPT.


QUELLE EST LA SITUATION A CE JOUR ?

La loi est claire et précise : l’expérimentation pouvait se dérouler en 2010, 2011 et 2012.

A COMPTER DU 1ER JANVIER 2013 ET JUSQU'A CE QUE DE NOUVELLES DISPOSITIONS LEGISLATIVES SOIENT PRISES TOUTES LES COLLECTIVITES QUI
AVAIENT DELIBERE POUR METTRE EN PLACE LES ENTRETIENS D’EVALUATION PROFESSIONNELLE DOIVENT REVENIR A LA NOTATION.

Les collectivités qui ne reviendraient pas à la notation durant cette période prendraient le risque de fragiliser juridiquement toutes les délibérations et arrêtés pris en s’appuyant sur un dispositif caduque.

Un bilan sera prochainement présenté au Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale . Il faut noter à ce sujet qu’un tel bilan aurait du être présenté en 2011 et en 2012 ce qui n’a pas été le cas. Toutefois, l’évaluation ayant été mise en place dans la fonction publique d’Etat, il existe une très forte probabilité pour que ce dispositif nous soit étendu par la loi.

Nos interlocuteurs de la DGCL (Directions Générale des Collectivités Locales)interpellés sur ce sujet ont d’ailleurs admis que le bilan serait « globalement positif ».

Suite à la présentation au CSFPT, un bilan global du dispositif sera présenté au parlement avant le 31 juillet, si les termes de la loi sont cette fois respectés.

Force Ouvrière considère que l’entretien d’évaluation présente de sérieux inconvénients. En effet, les voies de recours sont beaucoup plus difficiles, voire impossible à exercer car elles doivent s’appuyer sur des appréciations littérales qui sont par essence plus difficiles à apprécier et comparer qu’une note chiffrée. De plus certaines collectivités ne respectent pas totalement les dispositions prévues par le décret, prenant ainsi le risque de voir annuler certains tableaux d’avancement ou listes d’aptitude.

Nous ne manquerons pas de vous tenir informés dans une prochaine circulaire des réponses qui devraient nous être faites sur le sujet par la DGCL, à l’occasion du bureau du Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale le 6 février prochain.

Le secrétariat fédéral Paris, le 16 janvier 2013

lundi 7 janvier 2013

DECLARATION FORCE OUVRIERE

DECLARATION FORCE OUVRIERE
LORS DE LA SEANCE PLENIERE DU CSFPT DU 20 DECEMBRE 2012
AVANT PROJET DE LOI SUR LA DECENTRALISATION



« Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur Général,
Mesdames et Messieurs les représentants des employeurs,
Chers Collègues,

L’avant projet de loi qui nous est présenté aujourd’hui va profondément bouleverser le
paysage territorial de la république. Au delà même de la nouvelle répartition des
compétences qui va nécessairement impacter très fortement les services publics locaux
et les agents qui y oeuvrent au service de l’intérêt général, il introduit, à travers le
dispositif de l’expérimentation quasi continue, une notion d’incertitude et un risque
pour l’égalité de traitement des citoyens sur le territoire de la république.
En outre, il va venir se superposer à la mise en oeuvre de la loi du 16 décembre 2010
portant réforme des collectivités territoriales. Même si l’application des dispositions
prévues par celle-ci ne se réalisera en totalité, par exemple pour ce qui concerne la
fusion des départements et régions ou la création de métropoles, il est un autre volet qui
sera mis en oeuvre dès 2013, celui de la rationalisation de la carte intercommunale.
Cette rationalisation, par certains aspects, contient également ce principe d’incertitude
ou de mouvement continu puisqu’il ne s’agit que d’une première étape, suivie d’une
deuxième après les élections municipales de 2014, et ainsi de suite…

Notre organisation syndicale ne saurait y être indifférente.

En effet, de très nombreux agents territoriaux, qu’ils travaillent pour les communes ou
les intercommunalités, vont être touchés. Pour Force Ouvrière, ils ne doivent en aucun
cas être les victimes de ce processus. Si nous vous faisons aujourd’hui part de nos
inquiétudes c’est que déjà, dans certains départements, nous avons pu constater les
conséquences de la rationalisation de la carte intercommunale.
Ainsi, dans le cas d’une intercommunalité dissoute et dont les compétences étaient
réparties sur 4 autres EPCI, rien n’était prévu pour les agents. Ceux-ci, certains titulaires
et d’autres contractuels se voyaient déjà licenciés ou mis à disposition du centre de
gestion.

Dans un autre département, les employeurs ont unilatéralement décidé de suspendre les
instances paritaires dans l’attente de l’élection des nouveaux conseils communautaires.
Vous comprendrez donc, à l’énoncé de ces deux exemples parmi d’autres, que notre
organisation soit inquiète quant à l’impact de la nouvelle carte intercommunale pour les
agents territoriaux. Pour la fédération Force Ouvrière des personnels des services
publics et des services de santé, de telles conséquences ne sont pas acceptables.
Concernant plus particulièrement le projet de loi qui nous est aujourd’hui présenté,
Force Ouvrière tient à souligner le point positif que constitue pour nous l’engagement de
Madame Lebranchu, relatif à la prise en compte des agents territoriaux. Notre
organisation a d’ailleurs été force de propositions non négligeable dans les travaux qui
ont été menés en inter formations spécialisées. Nous exprimons aujourd’hui le souhait
que l’ensemble de nos propositions soit traduit dans la loi, il y va de l’intérêt des agents.
Le service rendu au quotidien par les agents territoriaux mérite largement qu’une partie
du texte de loi soit consacrée à la préservation de leurs droits, individuels et collectifs.
L’avant projet de loi suscite au sein de notre organisation un certain nombre de réserves
quant à son impact sur les services publics locaux.

En premier lieu, nous constatons que même si l’échelon communal est préservé, il est
amputé de certaines de ses compétences importantes, par exemple en matière de
gestion de l’urbanisme à travers le transfert des PLU (Plans Locaux d’urbanisme) aux
intercommunalités.

Nous notons également que si le principe d’absence de tutelle d’une collectivité sur
l’autre a été réaffirmé, le projet de loi prévoit une forme prescriptive aux schémas
régionaux.

Il est prévu la création de communautés métropolitaines. A ce propos, Madame la
Ministre avait annoncé l’abandon de la création de métropoles. Soit. Mais ce que nous
avons lu, au sujet des compétences qui pourraient être dévolues à ces nouvelles
intercommunalités, ne diffère pas de ce qui était inscrit dans la loi au sujet des
métropoles.
Dans ce cadre, Paris, Lyon et Marseille devraient se voir réserver un traitement
particulier, compte tenu notamment de leur importance démographique. Les autres
communautés métropolitaines pourraient se voir confier un très large éventail de
compétences, prises à la fois aux communes qui les composeront mais également aux
conseils généraux voir aux régions.

Les récentes déclarations d’élus, par presse interposée, au sujet de Lyon ou Marseille ne
sont pas pour nous rassurer. Concernant plus particulièrement le projet de communauté
métropolitaine Lyonnaise, notre fédération a pris publiquement position, au regard des
risques pour les agents du territoire concerné et des déclarations faites par les élus
laissant entendre que des pans entiers de service public seraient privatisés.

Pour finir, le contexte budgétaire et économique ne doit pas être ignoré. Les collectivités
territoriales, premiers investisseurs publics, rencontrent toujours d’importantes
difficultés pour lever les emprunts nécessaires à la réalisation des investissements
programmés. La DGF, gelée depuis 2 ans, doit être diminuée de plus de 2 milliards
d’euros. La tentation sera donc forte, pour maintenir le niveau des investissements, de
rogner sur les dépenses de fonctionnement et donc de personnels.

Je vous remercie de votre attention. »
Le secrétariat fédéral Paris, le 20 décembre 2012.